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10 août 2019 6 10 /08 /août /2019 16:18
Une fleur éclot dans la nuit de Maxime Patry (L'Age d'Homme)

Une fleur éclot dans la nuit de Maxime Patry

(L'âge d'homme - Collection "Littératures" - 137 pages - mars 2019)

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Un titre éminemment poétique pour un premier roman d'un jeune auteur normand, Maxime Patry, titulaire d'un "Master ès Lettres", assorti d'une publication chez un éditeur de prestige "L'âge d'homme".

Tout pour m'avoir donné envie d'accepter un exemplaire de la part de l'auteur pour lire le livre et en parler ainsi sur le blog.

Le roman nous entraîne dans un étrange pays : Terracognita.

Et l'auteur présente ainsi la première partie du roman, à la manière des romans du XIXe siècle :

 

Ce qu'il en est de Securù, de ce garçon à l'avenir prompt et fier d'homme, c'est précisément ce que nous voulons savoir et dire. Ainsi la parole doit naître : il faut laisser se dérouler ce flux incertain, une voix légère comme un vent se déploie, venue de l'invisible.
Ce que nous voulons, c'est laisser venir les mots comme la rivière creuse son sillon et s'enfonce dans les strates toujours plus profondes et inconnues des vies.
De ce flot naissant jaillissent de plus anciennes paroles à travers les voix des vivants. Pour comprendre,il nous faut les écouter.

Laissons donc venir les mots et nous familiariser avec Terracognita et le "héros" du roman Securù au fil des pages.

Retour aux origines de ces terres dominées par un désert, une forêt et la mer, composées également d'un Domaine des Dieux, des Chemins sacrés, une mangrove et une ville, comme nous le montre une carte.

Puis apparaît Securù. Il travaille sur le port et rêve comme tous les habitants de l'île de naviguer. 

Un soir, il aperçoit une belle femme à la poitrine nue, évanescente. Elle semble venir du navire à quai, "La Vierge des Mers". Au matin, le navire est prêt à appareiller, alors Securù se propose à embarquer et il est accepté.

Son rêve, qui est aussi une réalité chez les insulaires, de naviguer se réalise mais son objectif est de revoir cette femme.

Seulement, il comprend très vite qu'elle est l'épouse du Capitaine et il la protège des autres marins en la cachant soigneusement au regard de ces hommes.

Sauf qu'il parle de vouloir la rencontrer, et quand le second, Marsile, en parle au Capitaine tout se complique pour lui. Il est mis aux arrêts et enfermé dans une geôle, avec interdiction de descendre du navire lors des escales. Une seule compensation, il fait les comptes et peut donner des conseils de "rentabilité" au Capitaine.

Pourra-t-il espérer quand même revoir cette femme? Tout le roman est bâti sur cette énigme.

J'ai pensé au roman de jack London : "Le loup des Mers" où il y a également une telle confrontation entre un Capitaine de navire et un jeune homme novice qui finit par beaucoup apprendre à son contact et progresser, au point d'arriver, non sans violence, "presque" à une complicité entre eux.

Un beau premier roman suffisamment court pour ne pas lasser le lecteur en lui disant l'essentiel de l'histoire.

On ne s'ennuie pas un instant et on se sent vivre aux côtés de Securù dans ce "huis-clos" promis au rêve et à l'angoisse tout autant.

Une belle découverte et encore merci à l'auteur de m'avoir proposé son livre à ma lecture.

Bonne lecture,

Denis

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2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 19:24
Kurt Wallander compagnon de route au long cours de Henning Mankell

L'intégrale Wallander de Henning Mankell

(Tome 1 - 1028 pages - Novembre 2010)

1 - Meurtriers sans visage

2 - Les chiens de Riga

3 - La lionne blanche

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Début de la préface de Henning Mankell à l'édition intégrale en trois tomes :

 

"Il y a de cela vingt et un ans, je revenais en Suède après une longue période africaine (...). Nous étions donc en 1989. De grands événements se préparaient dans le monde : la chute du mur de Berlin et la fin annoncée de l'apartheid en Afrique du Sud.

 

Mais, en Suède, j'ai aussi remarqué autre chose : une xénophobie qui n'hésitait plus à montrer son visage. Cela me préoccupait dans la mesure où le racisme est pour moi la plus visqueuse, la plus gluante, la plus méprisable des maladies collectives. Alors j'ai décidé d'écrire là-dessus.  Le racisme ayant selon oi un soubassement criminel, j'ai choisi d'utiliser la trame du crime pour le livre que j'avais en tête. Et, dans ce cas, ai-je pensé, il allait sans doute aussi me falloir un policier.

 

En consultant mes anciennes notes, je constate que le personnage de Kurt Wallander est né un jour de mai. Son nom m'est venu en feuilletant l'annuaire téléphonique de Malmö. J'ai trouvé Kurt à une page et Wallander à une autre.

 

Je tiens à souligner ce point. J'ai inventé Kurt Wallander parce que j'avais besoin de lui pour raconter une histoire. Cela n'a jamais changé par la suite. D'abord le récit, ensuite le commissaire.

 

(...) J'ai écrit "Meurtriers sans visage" il y a vingt ans. A présent, je viens d'écrire le dernier de la série, "L'homme inquiet". (...) J'ai écrit ce livre après avoir compris qu'il manquait une dernière histoire. Celle où Kurt Wallander serait au premier plan - pas seulement en qualité d'enquêteur, mais en tant qu'objet même du récit.

 

(...) Mais tout a une fin. C'est inévitable et, au bout de vingt ans, le temps est maintenant venu d'en finir. (...) Je vais simplement le laisser en paix. Je referme la porte et je le laisse poursuivre sa vie, sans l'encombrer ni m'encombrer davantage avec le récit de ce qui lui arrive..."

 

 Henning Mankell, juillet 2010 (traduit du suédois par Anna Gibson)

 

                                                        -----------------------------------

 

Une nouvelle aventure littéraire s'ouvre ainsi à moi avec ce tome 1 qui reprend dans l'ordre les trois premiers des dix volumes, avec" Meurtriers ans visage". 

Kurt Wallander apparaît page 19 au deuxième paragraphe du chapitre 2 ainsi :

                                                    

 

 

Kurt Wallander dormait. Il avait veillé beaucoup trop longtemps la nuit précédente, à écouter ces enregistrements de Maria Callas qu'un de ses amis lui avait envoyés de Bulgarie. Il avait passé plusieurs fois de suite sa "Traviata" et il était près de deux heures quand il était allé se coucher. Au moment où la sonnerie du téléphone l'arracha au sommeil, il était au milieu d'un rêve très puissamment érotique.

Tome 1 :

1- Meurtriers sans visage ((sv) Mördare utan ansikte, 1991), trad. Philippe Bouquet (édition française 1994)
2- Les Chiens de Riga ((sv) Hundarna i Riga, 1992), trad. Anna Gibson (édition française 2003)
3- La Lionne blanche ((sv) Den vita lejoninnan, 1993), trad. Anna Gibson (édition française 2004)

Tome 2 :


4- L'Homme qui souriait ((sv) Mannen som log, 1994), trad. Anna Gibson (édition française 2005)
5- Le Guerrier solitaire ((sv) Villospår, 1995), trad. Christofer Bjurström (édition française 1999)
6- La Cinquième Femme ((sv) Den femte kvinnan, 1996), trad. Anna Gibson (édition française 2000)

Tome 3 :


7- Les Morts de la Saint-Jean ((sv) Steget efter, 1997), trad. Anna Gibson (édition française 2001)
8- La Muraille invisible ((sv) Brandvägg, 1998), trad. Anna Gibson (édition française 2002)
9- L'Homme inquiet ((sv) Den orolige mannen, 2009), trad. Anna Gibson (édition française 2010)


 

Kurt Wallander compagnon de route au long cours de Henning Mankell
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30 juillet 2019 2 30 /07 /juillet /2019 16:48
Journal des Goncourt : fin de la préface et début du journal le 2 décembre 1851 (épisode 2)

La semaine dernière, j'ai annoncé la lecture du Journal des Goncourt

Ci-dessous, fin de la préface :

"Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre, qui parut le jour du coup d'état.
(...) Mon frère mort, regardant notre oeuvre littéraire comme terminée, je prenais la résolution de cacheter le journal à la date du 20 janvier 1870, aux dernières lignes tracées par sa main. Mais alors j'étais mordu du désir amer de me raconter à moi-même les derniers mois et la mort du pauvre cher, et presque aussitôt les tragiques épisodes du siège et de la Commune m'entraînaient à continuer ce journal, qui est encore, de temps en temps, le confident de ma pensée"
Edmond de Goncourt (Schliersee, août 1872)

"(...) Je demande enfin au lecteur de se montrer indulgent pour les premières années, où nous n'étions que d'assez imparfaits rédacteurs de la "note d'après nature ; puis il voudra bien songer aussi qu'en ce temps de début, nos relations étaient très restreintes et, par conséquent, le champ de nos observations assez borné."
E de G

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Et ensuite le journal commence ainsi, comme annoncé par Edmond, le 2 décembre 1851 :


"Au jour du jugement dernier, quand les âmes seront amenées à la barre par de grands anges, qui, pendant les longs débats, dormiront, à l'instar des gendarmes, le menton sur leurs deux gants d'ordonnance, et quand Dieu le père, en son auguste barbe blanche, ainsi  que les membres de l'Institut le peignent dans les coupoles des églises, quand Dieu m'interrogera sur mes pensées, sur mes actes, sur les choses auxquelles j'ai prêté la complicité de mes yeux, ce jour-là : "Hélas ! Seigneur, répondrai-je, j'ai vu un coup d'Etat !" "

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Denis

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27 juillet 2019 6 27 /07 /juillet /2019 16:03
Le Journal des Goncourt

Il y a bien longtemps que je veux lire cette "somme littéraire" des petits potins de la vie littéraire sous le regard des frères Goncourt (du moins du temps où ils ont été deux);

"Journal - mémoires de la vie littéraire"

Pour rappel :

Jules de Goncourt (1830-1870) (Principal auteur jusqu'à sa mort)

Edmond de Goncourt (1822-1896) (Poursuivi par Edmond après la mort de Jules

Il y eut un premier volume (1851-1861) publié chez Charpentier et Cie en 1887.

La préface de ce premier volume et donc du journal débute ainsi :

"Ce journal est notre confession de chaque soir : la confession de deux vies inséparées dans le plaisir, le labeur, la peine, de deux pensées jumelles, de deux esprits recevant du contact des hommes et des choses des impressions si semblables, si identiques, si homogènes, que cette confession peut être considérée comme l’expansion d'un seul "moi" et d'un seul "je".

Dans cette autobiographie, au jour le jour, entrent en scène les gens que les hasards de la vie ont jetés sur le chemin de notre existence. Nous les avons "portraiturés", ces hommes, ces femmes, dans leur ressemblances du jour et de l'heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu'ils changeaient ou se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d'une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l'éloignement et l'enfoncement de la rencontre, - ambitieux, en un mot, de représenter l'ondoyante humanité dans sa "vérité momentanée"."

Je me lance dans cette longue aventure en version électronique sur tablette !

Denis

Le Journal des Goncourt
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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 16:40
Correspondance Camus - Chiaromonte (Gallimard)

Correspondance (1945 - 1959) entre Albert Camus et Nicola Chiaramonte

(Gallimard - mai 2019 - 233 pages)

Edition établie, présentée et annotée par Samantha Novello

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Une nouvelle correspondance d'Albert Camus vient de paraître après la "monumentale"(au propre et au figuré) correspondance amoureuse entre Camus et Maria Casares.

Ce sont ici 91 lettres échangées entre les deux hommes qui sont présentées ici.

On ne présente plus en France Albert Camus (1913-1960).

Par contre, qui était Nicola Chiaramonte?

 

 

Issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie émigrée à Rome en 1908, fils de médecin, Nicola Chiaramonte est né le 12 juillet 1905 à Rapolla, en Basilicate, terre d'ancienne domination normande, arabe et grecque, devenue au début du XXe siècle "l'Irlande d'Italie" en raison de son dépeuplement. Lecteur passionné de Platon et des tragiques grecs, il revendiquait ses origines méditerranéennes et notamment grecques. Il meurt à Rome le 18 janvier 1972. (Note 1 de la préface p. 7)

Samantha Novello qui a travaillé sur cette correspondance précise que "L'échange de lettres entre Albert Camus et Nicola Chiaramonte est avant tout le témoignage, parfois ému et émouvant, de l'amitié si forte et si pudique qui lia ces deux hommes de 1941 à 1960, date de la mort de Camus.

Ils se sont rencontrés à Alger au printemps 1941 et ont tout de suite senti la force de leurs idées communes sur la violence et l'esprit  humain.

Chiaramonte, antifasciste, avait dû fuir l'Italie de Mussolini dès 1934. Il fut ami d'Alberto Moravia.

La majorité des lettres (environ 60) émane de l'italien. La correspondance est régulière entre 1945 et 1948. De 1949 à 1953, Chiaramonte s'installe à Paris où les deux amis se rencontrent régulièrement.

Puis l'italien rentre en Italie où il crée la revue "Tempo presente" et leur correspondance reprend jusqu'au décès de Camus.

Une nouvelle belle aventure littéraire et intellectuelle pour approfondir l'oeuvre de Camus et découvrir Nicola Chiaramonte que j'avoue ne pas connaître.

(...)Il est inutile que je vous dise avec quel respect et quelle admiration je suis (tant que je peux), votre oeuvre de journaliste (ce n'est pas le moindre désagrément de la situation présente que de ne pas pouvoir recevoir de livres de France). (...) Je vous admire et vous respecte... (Extrait de la lettre 1 du 8 août 1945 de Chiaramonte

Réponse de Camus (lettre 2 du 5 octobre 1945) (...) Maintenant que vous et moi avons renoué des liens, ne les laissons pas se détendre, voulez-vous? Je serai content de vous revoir. Mais en attendant, nous pouvons nous écrire. Dites-moi les livres que vous désirez, je sais un moyen de vous les faire parvenir.

Correspondance Camus - Chiaromonte (Gallimard)

Samantha Novello est enseignante de philosophie et d'histoire. elle est doctorante à l'université de Verone. Elle a collaboré aux volumes I et III des oeuvres complètes d'Albert Camus dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Correspondance Camus - Chiaromonte (Gallimard)
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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 16:06
La vérité sort de la bouche du cheval de Meryem Alaoui (Gallimard)

La vérité sort de la bouche du cheval de Meryem Alaoui

(Gallimard- octobre 2018 - 261 pages)

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Jmiaa a 34 ans, une fille Samia. Elle est divorcée et se prostitue à Casablanca. Elle raconte son histoire sous forme d’une autobiographie.
Elle ne cache rien de son métier et commence en expliquant à une nouvelle, Halima, les rudiments du métier dans le quartier où il faut connaître les codes pour s’en sortir.

Sa vie est sordide dans son petit appartement où elle vit avec sa fille, Samia et qu’elle partage également avec une nouvelle prostituée, Halima. Elle protège au maximum sa fille de ce milieu.

Elle aime son métier assurément et explique aussi longuement comment elle en est venue à cette situation. Une vie difficile mais sans grandes nouveautés jusqu’au jour où une femme, Chadlie dite « bouche de cheval », demande à la rencontrer. Elle écrit un scénario pour une fiction suédoise sur la vie d’une prostituée au Maroc et lui demande de se raconter. Et par la suite, elle lui dit ne pas avoir trouvé d’actrice convaincante. Alors Jmiaa interprétera son propre rôle. 

Ce roman est une plongée donc dans le monde de la prostitution à Casablanca en 2010 avec un autoportrait sans concessions de Jmiaa.

La romancière, dont c’est le premier roman, nous entraîne dans cet univers et le lecteur est en immersion complète dans ce quartier de Casablanca où elle adopte le langage des autochtones. Un glossaire permet au lecteur non initié de comprendre ces mots du quotidien et les références marocaines qui ont un sens dans ce milieu pauvre où la télévision (et ses séries) est l’univers de référence.


On sent que ce quotidien est lancinant avec quelques escapades « sexuelles » en bord de mer avec un des trafiquants du quartier.


Et puis, soudain tout change quand Jmiaa se voit propulser devant la « scène » en devenant actrice bien malgré elle pour raconter son histoire sous la forme d’une fiction.


C’est la force du roman de faire intervenir cette « métamorphose » qui relance l’histoire et nous montre alors un autre univers, celui du cinéma, toujours sous le regard de Jmiaa, avec toute la naïveté du néophyte.

Un brillant premier roman avec très peu de défauts. Belle maîtrise de la langue et de l’intrigue.

Je le recommande vivement.

Bonne lecture,

Denis
 

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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 16:48
Citation de Romain Gary sur le bonheur

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7 juillet 2019 7 07 /07 /juillet /2019 16:21
Les villages verticaux de Toufik Abou-Haydat (Le laboratoire existentiel)

Les villages verticaux de Toufik Abou-Haydar

(Le laboratoire existentiel - mars 2019 - 196 pages - collection l'Illuscript)

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L'éditrice Anne-Ségolène Estay a pris beaucoup de soins pour l'édition de ce roman, "illustré" des mains de l'auteur Toufik Abou-Haydar.

Il faut le signaler, tellement c'est devenu rare de trouver des livres agréables à tenir en main. C'est tout le mérite de ce "laboratoire existentiel", énigmatique nom pour un éditeur. Si vous cliquez sur "laboratoire existentiel" vous saurez tout sur ces deux mots mis en harmonie.

"Illustration" au cœur du livre et "artisanat" au centre de ses préoccupations peuvent être annoncés comme slogan qui prend tout son sens quand on tient le livre en main.

J'ai noté quelques imperfections dans le texte, toutefois, globalement j'ai apprécié l'histoire de ce roman sur fonds historique.

Quand Aïda était enfant, une voyante lui prédit qu'elle se marierait avec un prince charmant. 

Elle l'a attendu en vain et au moment de sa puberté, elle pouvait être mariée à tout moment selon les coutumes de son pays. Mais comme elle était belle, elle a dû se voiler pour cacher son visage. Et puis, un jour, dans la campagne, elle a été violée ce qui accéléré le cours de sa vie : il fallait absolument se marier pour effacer la "honte", ses parents devant même partir au Liban.

Aïda a tout perdu dans cette dramatique affaire : ses racines et sa famille.

Et puis, en février 2015, tout bascule en Syrie et dans le village d'Aïda. Son mari est arrêté et un médecin français, Marteneau, vient s'installer pour soigner les djihadistes.

Elle est obligée de se marier au mokhdar mais comme il veut s'assurer qu'elle n'est pas enceinte, il la met en "isolement" pendant 100 jours sous le contrôle de sa première femme, Tahiya.

Son histoire du "prince charmant" lui revient comme un boomerang quand on lui donne à lire "La princesse endormie".

Les cent jours arrivent à leur thème mais sa liberté n'est que conditionnelle et elle n'a qu'un espoir, c'est de s'échapper d'ici et de rejoindre sa famille au Liban.

Plusieurs personnes dont Tahiya vont tout faire pour que son espoir puisse devenir réalité.

Débute alors, une sorte de "road-movie" à travers le chaos syrien.

Comme l'annonce la 4e de couverture : "Quoi que tu fasses, le boomerang finit toujours par revenir dans ta main".

Un roman et plus encore un éditeur à découvrir.

Merci à Anne-Ségolène Estay de m'avoir adressé ce roman. J'avais dit que je serais honnête, donc je répète que ce roman a des défauts, avec des coïncidences de rencontres, par exemple, qui font penser aux contes. Mais, finalement, ce roman est peut-être un conte ! Je n'y avais pas pensé avant d'écrire ces lignes, tellement ce livre s'inscrit dans la triste réalité de la Syrie d'aujourd'hui.

Et puis il y a les illustrations qui vienne concrétiser les propos et en livrer leur "magie", sans oublier que le style est bien ciselé et donne de belles envolées lyriques.

Faites-vous donc votre propre opinion en lisant ce livre.

Bonne lecture,

Denis

Malgré sa prison en terre cuite, la présence du livre donnait à Aïda l'envie de sourire, de rire, de palpiter, de sauter de joie et de s'envoler comme jamais depuis longtemps. Le souvenir de la prédiction de la Bédouine en avait réveillé d'autres, comme un lac qui se remplit d'eau après une longue période de sécheresse : le village de son enfance ressurgissait sous ses yeux, elle courait de nouveau dans les ruelles du petit hameau, de ce minuscule point de la terre qui l'avait vue grandir et resplendir. (page 43)

Les villages verticaux de Toufik Abou-Haydat (Le laboratoire existentiel)
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5 juillet 2019 5 05 /07 /juillet /2019 15:49
Les chimères de Gérard de Nerval

Ce petit recueil accompagnait, en 1854, les Filles de feu.

Ces douze sonnets sont parmi les plus mystérieux de toute la littérature française. De fait, Nerval a désiré fusionner ici ses expériences personnelles avec les préceptes de diverses doctrines ésotériques, comme si les événements qu'il vivait, comme si les amours qu'il éprouvait étaient tout autant de signes que le destin lui manifestait et qu'il se devait dès lors de couler dans la langue la plus magique et la plus hiératique qui soit.

Depuis cent cinquante ans, les lecteurs s'interrogent donc devant ces courtes pièces, parmi les plus belles issues du romantisme français. De fait, la connaissance de la biographie de Nerval (cf. notamment les liens du poète avec Jenny Colon qui inspira Myrtho et dont les cheveux flamboyants expliquent quelques-unes des allusions au feu contenues dans le recueil); une connaissance aussi de la généalogie imaginaire du poète (cf. là-dessus les mentions à Lusignan et Biron contenues dans El Desdichado); celle de la Cabale et des mythologies égyptiennes et grecques, ne sont pas de trop pour permettre une compréhension ne serait-ce qu'approximative du recueil. Mais, étrangement, même l'intelligence imparfaite de ses vers n'empêchent pas les Chimères d'exercer une fascination véritable sur le lecteur, pour peu que celui-ci sache, à partir des intuitions de Nerval, imaginer des correspondances et des résonances nouvelles.

(Source poetes.com)

 

Voici le premier sonnet, bien connu :

 

EL DESDICHADO

 

Je suis le ténébreux, — le veuf, — l’inconsolé,

 

Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :

 

Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé

 

Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

 

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,

 

Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,

 

La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,

 

Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

 

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?

 

Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;

 

J’ai rêvé dans la grotte où nage la syrène…

 

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :

 

Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée

 

Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 16:18
Sans Silke de Michel Layak (Editions Zoé)

Sans Silke de Michel Layaz

(Editions Zoé - 157 pages - Janvier 2019)

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Le roman débute ainsi :

J'avais l'âge des métamorphoses récentes : dix-neuf ans. C'était le premier soir. Avant de m'endormir, j'ai ouvert la fenêtre. Rien. Pas un bruit. Dans le ciel, chaque étoile veillait sur son coin de terre. Seuls les pas d'un animal, ou le vent dans un feuillage, contrariaient le calme. A l'intérieur de la maison, le silence aussi. Pas le même. Plus lourd. Comme mis en boîte. Ce double silence exigeait d'être apprivoisé. Jusqu'alors, j'avais toujours vécu dans un immeuble, avec des routes proches et des avenues plus loin, avec en prime des clameurs de fête ou de dispute, avec des noctambules qui se déréglaient la raison. Ici, le premier village se trouvait à trois kilomètres, derrière la forêt ; et devant la maison, après le jardin et le verger, il y avait des champs, et plus loin encore, un bois qui bloquait le regard.

Et on est embarqué dans une histoire qui va nous attacher et ne pas nous quitter si facilement que cela quand les 150 pages auront été lues.

 

Avec un tel roman et avec des "moments" de vie de deux, trois pages, il faut humer les ambiances, se laisser porter par les mots. Car le texte est vraiment très, très beau. 

 

L'histoire est simple. Un couple qui vit à l'orée d'une forêt, loin du bruit, très fusionnel dans son amour, a presque oublié qu'il a une jeune enfant de 9 ans, Ludivine. Leur lieu de vie s'appelle "La Favorite".

 

Ils décident de l'aider dans ses études et devoirs, aussi ils ont passé une annonce pour recruter une étudiante, avec obligation de vivre dans la maison aussi près que possible de l'enfant.

 

Et c'est Silke qui sonne à la porte. Elle est embauchée sans avoir vu Ludivine. La mère dit que ce sera sans doute difficile de sortir sa fille de son enfermement. Mais Silke y croit, elle. Et aussitôt, elles s'entendent à merveille.

 

Ludivine adore la nature, les arbres. Elle entraîne Silke dans ses rêveries, des déambulations sans oublier de travailler quand il le faut, ce qui fait leur force, car on ne peut rien leur reprocher.

 

Le père est artiste plasticien, peintre mais il vit reclus à "La Favorite" et n'a aucun succès. C'est la mère qui rapporte les revenus et qui dynamise le couple, avocate de son état.

 

Ludivine reste en marge, encore et toujours. Silke est devenue son amie. Elles font quelques escapades, notamment, elles "s'offrent" une nuit à la belle étoile.

 

La quasi indifférence des parents est troublante, malgré des vacances à la neige passées ensemble.

 

Et le contraste entre l'amour réciproque des parents pour eux-mêmes et le rejet inconscient de leur fille contribue à créer un état proche de la violence, même si Ludivine n'a pas encore l'âge de vraiment se révolter, d'autant qu'elle a trouvé un certain équilibre grâce à sa relation privilégiée avec Silke.

 

Mais, les belles histoires finissent souvent mal...

 

A lire absolument,

Denis

 

Sans Silke de Michel Layak (Editions Zoé)
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