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3 décembre 2019 2 03 /12 /décembre /2019 15:34
Dans les pas de Toulouse-Lautrec d'Alain Vircondelet (Editions du Signe)

Dans les pas de Toulouse-Lautrec - nuits de la Belle Epoque d'Alain Vircondelet

(Editions du Signe - 200 pages - Septembre 2019)

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Ce livre s'inscrit indirectement dans le contexte de l'exposition rétrospective du peintre qui se tient au Grand Palais à Paris jusqu'au 27 janvier 2020.

L'auteur, Alain Vircondelet, par ailleurs biographe de Marguerite Duras et d'Albert Camus entre autres, retrace la vie et l'oeuvre d'Henri de Toulouse-Lautrec (1864 - 1901) au travers des lieux qu'il a cotoyés et reproduits dans les années dites de la "Belle Epoque" à Paris.

Après un rappel biographique détaillé de la vie de Toulouse-Lautrec, l'auteur s'attache, plan à l'appui, à nous faire déambuler dans les hauts lieux de Paris d'une "Belle-époque" pas si belle que cela d'ailleurs, coincée entre deux guerres, celle de 1870 passée et celle de 1914 à venir, car tout le monde avait compris que l'humiliation de 1870 ne pourrait conduire qu'à une "revanche" obligatoire.

On était dans les années 1880-1900, celles du peintre, en période de "décadence" où il était de bon ton de s'encanailler la nuit, que l'on soit artiste, écrivain, bourgeois ou autre... dans les cabarets, auprès des prostituées etc... Le terme de "Belle-époque" d'ailleurs sera utilisé à titre "historique" à partir des années 1930.

 

La vie au grand jour rivilisa ainsi avec la vie nocturne, la censure tant morale qu'officielle accordant une licence plus vaste au champ des plaisirs de toutes sortes.
Les nuits de Paris devinrent alors le lieu le plus festif de la planète, là où il fallait être vu quand on était aristocrates argentés ou pas (la fameuse tournée des grands ducs !), bourgeois petits et grands, classes moyennes et classes inférieures indistinctement mêlées, tous jouissant de plaisirs sans tabous... (page 13)

Le moulin de la galette, le moulin rouge où Jane Avril et la goulue font sensation, sont deux lieux mythiques qui ont fait la gloire du peintre et du quartier.

La Goulue devrait son nom du fait qu'elle vide les verres des clients sur son passage (page62).

Dans les pas de Toulouse-Lautrec d'Alain Vircondelet (Editions du Signe)

N'oublions pas "le lapin à Gill" (Gill le caricaturiste) devenu "le lapin agile"; Le Mirliton, fief d'Aristide Bruand ; Les Folies Bergères liées à Loïe Fuller.

Le Cirque Médrano, la Foire du Trône ou le Théâtre Antoine sont d'autres lieux où on se montre, s'amuse aussi.

L'exposition universelle de 1900 viendra "terminer" le temps parisien et la vie de Toulouse-Lautrec, mort en 1901.

Y voit-il, en visionnaire, le spectacle funeste d'un monde à venir, précurseur pour lui de la perte de l'humain, ce dont sa propre peinture témoigne? Le luxe, le gigantisme, le progrès technique semblent déjà suffisamment effrayants pour créer une sourde inquiétude au-delà des surprises et des émerveillements. (page 152)

Toulouse-Lautrec aura pleinement profité de cette époque malgré son infirmité et nous sert aujourd'hui d'historien de ce temps qui paraît bien lointain et où l'illusion permettait de survivre aux affres du quotidien.

Merveilleusement illustré, ce livre est d'une richesse infinie, écrit également avec beaucoup de finesse pour nous faire pénétrer dans ce Paris nocturne étincelant.

Merci à Marie et Axelle des Editions du Signe de m'avoir adressé ce livre que je recommande vivement.

Bonne lecture,

Denis

Dans les pas de Toulouse-Lautrec d'Alain Vircondelet (Editions du Signe)
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22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 19:32
Souvenirs /Ecran de Noël Herpe (Bartillat)

Souvenirs / Ecran - Voyages en France 2017-2018

de Noël Herpe

(Editions Bartillat - Mai 2019 - 236 pages)

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Noël Herpe est parti sur les routes de France en 2017 et 2018 pour présenter et commenter les films de Henri-Georges Clouzot (1907-1977).

Auparavant, il nous entraîne dans une errance dans Paris sur les lieux du temps passé qui ont marqué des moments de vie avec sa famille ou des amis.

Puis, il reprend étape par étape son périple dans 37 lieux entre banlieue parisienne et province.

Les projections en banlieue sont à l'image de la vie quotidienne : les gens sont pressés, en retard à cause des transports en commun : que ce soit à Ris-Orangis, Neuilly-Plaisance, Tremblay-en-France, Le Plaissy-Robinson ou Le Blanc-Mesnil. 

Pire, les débats et surtout les questions sont souvent d'un intérêt moindre. Clouzot n'attire pas forcément les foules, y compris les cinéphiles.

Noël Herpe va manger pendant les projections puis revient à l'issue de celles-ci pour animer le débat.

Parmi les villes "obligatoires", Il y a Niort, la ville où naquit Clouzot et dont le seul souvenir dans la ville est une plaque qui marque le lieu de sa naissance.

Souvenirs /Ecran de Noël Herpe (Bartillat)
Souvenirs /Ecran de Noël Herpe (Bartillat)

Niort, comme tant d'autres villes, a un centre ville bien triste. Est-ce un signe des temps où la culture, l'attrait du "beau" se perd au bénéfice de "l'utilitaire". C'est ce que j'ai ressenti à la lecture de ces souvenirs.

On sent que Noël Herpe n'est pas très optimiste. On sent que parfois il n'a pas envie de discuter de cinéphilie auprès des spectateurs et des organisateurs, trop peu réceptifs ou trop "sectaires" dans leurs goûts, n'hésitant pas à émettre des "clichés" sur certains films et cinéastes.

L'auteur vit beaucoup dans les bars, restaurants et hôtels pendant son périple. Il est attentif à ce qui s'y dit autour d'un verre ou d'un plat.

Il en profite aussi pour projeter son film "Fantasmes et fantômes" (2017) souvent controversé lors des débats. Le cinéma expérimental n'est pas forcément très bien perçu et compris.

Passionné également par Eric Rohmer, il y fait souvent allusion notamment à Clermont-Ferrand et au Chambon qui ont été des lieux de tournage.

Cette tournée ne grandit pas la France contemporaine, du moins celle que l'auteur a rencontrée. Le cinéma de nos "parents" ou "grand-parents" ne sont plus dans notre champ "visuel", que ce soit "Le corbeau", "L’assassin habite au 21", "Les diaboliques", "Le mystère Picasso", "Quai des Orfèvres" ou "Le salaire de la peur" du seul Clouzot. Des titres "mythiques" pourtant !

Merci à Juliette, attachée de presse des éditions Bartillat de m'avoir adressé ce livre passionnant au-delà de ses constats pessimistes mais sincères.

Bonne lecture,

Denis

Je traverse une France morte, un pays peuplé d'ombres, de regrets, de traces vaines.Ne suis-je pas le plus mort d'entre ces morts? page 147)

Souvenirs /Ecran de Noël Herpe (Bartillat)
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12 novembre 2019 2 12 /11 /novembre /2019 14:59
Les petits de Décembre de Kaouther Adimi (Seuil)

Les petits de Décembre de Kaouther Adimi

(Le Seuil - Fiction & Cie - Août 2019 - 248 pages)

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Quatrième roman de la jeune romancière née à Alger en 1986 et qui en France désormais.

"Nos richesses" en 2017 avait obtenu un franc succès autour de la personnalité remarquable du libraire et éditeur (notamment d'Albert Camus) Edmond Charlot.

Cette fois-ci, avec ce roman, elle s'intéresse à une cité de la périphérie ouest d'Alger: la cité du 11-décembre-1960 à Dely Brahim.

Le 2 février 2016, trois enfants jouent au ballon dans l'immense terrain vague de la cité.

Inès a 11 ans et elle est la fille de Yasmina et la petite-fille d'Adila. Adila, moudjahida, est une femme devenue mythique en Algérie après ses combats pour l'indépendance algérienne.

Jamyl vit chez ses grands-parents et Mahdi vit avec son père, mutilé lors d'un attentat en novembre 1999.

Le lendemain, mercredi 3 février 2016, deux généraux arrivent en voiture d’apparat devant le terrain vague : Saïd et Athmane. Ils annoncent qu'ils sont devenus propriétaires de ce terrain, anciennement militaire, comme la cité, pour bâtir deux grandes villas. Leurs propos déclenchent une révolte des jeunes à laquelle s'associe Adila. Le chauffeur alerte la gendarmerie puis ils repartent croyant l'endroit paisible, d'oùleur stupeur d'avoir été agressés.

 

Comment ça s'est passé? demandèrent les épouses des deux généraux lorsque ces derniers rentrèrent furieux et humiliés. Il furent agacés de cette question.
Le général Saïd ne répondit pas tout de suite et sortit dans le jardin fumer quelques cigarettes. (...) Le général Athmane, lui, réunit ses cinq enfants dans le salon ainsi que son épouse.
(...) - A vrai dire, reconnut froidement Saïd, on avait baissé la garde. On s'est fait avoir comme des bleus.
- C'est rare que tu sois si peu vigilant, s'étonna sa femme.
- Oui, c'est une bonne leçon, la racaille se cache partout,même chez les enfants de hauts officiers. (page 45-46)

Mohamed et Cherif, d'anciens militaires à la retraite ont tout vu, sans intervenir. 

D’ailleurs les deux généraux les invitent pour essayer de trouver avec eux un accord pour éviter de nouvelles échauffourées.

Mais rien n'y fait et les enfants s'organisent pour sauver leur terrain quand les militaires reviendront car ils savent qu'ils ne lâcheront pas l'affaire. On est en Algérie et personne n'a réussi jusqu'à présent à s'opposer de manière "définitive" à toute décision gouvernementale.

Les enfants des quartiers alentours viennent en renfort armées de pierres et de bâtons, prêts à accueillir les généraux ou leurs représentants.

Kaouther Adimi sait maintenir le suspens et elle nous rappelle par l'intermédiaire  d'Adila quelques moments clés de l'histoire contemporaine de l'Algérie et de l'impossibilité de s'exprimer et d'intervenir contre le régime en place depuis l'indépendance.

Et si les enfants y arrivaient pour la plus grande honte de leurs aînés !!!

 

- Ah, Mohamed, mon ami, comment les choses vont-elles se terminer? J'ai peur pour ces enfants.
- Moi aussi Cherif. Les généraux ne vont pas se laisser faire.
- Non, ils ne vont pas se laisser faire mais les gosses non plus ! Ils sont courageux et ils sont décidés à se battre pour une cause importante. Reconnais-le, ils ont mis notre génération hors jeu en quelques jours. Nous vivons dans la peur, pas eux. (page 219)

Belle leçon de "morale", quelle que soit l'issue du combat ! Les enfants sont devenus "les petits de décembre".

https://www.huffpostmaghreb.com/entry/histoire-algerie-independance_mg_6307402

(Le lien ci-dessus rappelle ce 11 décembre 1960 décisif pour l'indépendance de l'Algérie, d'où le nom de cette cité qui existe réellement)

Très beau livre que je recommande chaleureusement.

Bonne lecture 

Denis

 

Les petits de Décembre de Kaouther Adimi (Seuil)
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10 novembre 2019 7 10 /11 /novembre /2019 18:40
Reprise des activités de plein air de Jean-Claude Lalumière (Editions du Rocher)

Reprise des activités de plein air de Jean-Claude Lalumière

(Editions du Rocher - Octobre 2019 - 221 pages)

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Trois hommes ont en commun l'île d'Oléron où ils vont se rencontrer.

Mickael est le plus jeune. Il a 22 ans et est amoureux, sans lui avouer dans ses courriels. Il est sur l'île, de passage, mais sa solitude l'incite à poursuivre son séjour.

Il est logé chez Christophe, installé depuis un an sur l'île. Il a 47 ans et a hérité de la maison de sa grand-mère Henriette. Au départ, il était venu pour la vider. Valérie l'a aidé au début puis elle l'a quitté. Alors, il a décidé de garder la maison, d'y habiter et de la rénover. Pour ce faire, il a accepté de loger Mickael, l'exonérant de loyer à condition qu'il l'aide pour les travaux, ce qu'il accepter volontiers.

Et puis, il y a sur l'île, Philippe, 85 ans, bientôt veuf d'Elisabeth, l'ancienne institutrice de la commune de Saint Georges d'Oléron. Un soir, il a annoncé à Christophe la mort de son épouse, ce qui a resserré les liens entre les deux hommes, voisins depuis quelques mois. 

Mickael et Christophe ne voulant pas que Philippe reste seul dans la journée, ils le font venir sur le "chantier" pour qu'il puisse leur parler et leur préparer les repas du midi.

Et soudain, Christophe a l'idée de créer un restaurant d'autant qu'il a retrouvé le carnet de recettes de sa grand-mère.

Une autre idée va également leur venir à l'esprit d'autant qu'ici on est sur une île entourée d'eau !

Chacun vit ses angoisses, ses espoirs dans un cadre idéal pour la recherche de solutions, même si on sent bien que Philippe ne croit plus en grand chose.

Par courts chapitres dont l'intitulé rappelle lequel des trois va être le personnage principal des quelques pages qui vont suivre et par l'entrelacement de leur histoire sur l'île, on entre réellement dans l'intimité des trois hommes.

L'écriture impeccable, entre courriels, dialogues, articles de journaux permet d'éclairer les trois parcours, sans les alourdir, de manière souvent "plaisante", au bon sens du mot. On se laisse emporter sur l'île aux côtés de Mickael, Christophe et Philippe. 

Un beau livre, agréable à lire, réflexion sur la vie et sur le temps, loin du monde, du bruit et de l'urgence de la vie urbaine.

Merci aux Editions du Rocher de m'avoir adressé ce roman.

Bonne lecture,

Denis

 

Reprise des activités de plein air de Jean-Claude Lalumière (Editions du Rocher)
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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 18:10
Salon du livre Ado - ville de Suresnes - 16 et 17 novembre 2019

Julie B. du pôle culture de la ville de Suresnes m'a envoyé l'information suivante, concernant le 4e salon du Livre Ado de Suresnes qui se tiendra du 16 au 17 novembre prochain :

            Salon du Livre Ado de Suresnes 4 e édition du 16 au 17 novembre 2019

Premier salon dédié à la littérature adolescente, le Salon du livre ado est devenu l’un des grands rendez-vous du monde de l’édition jeunesse en Ile-de-France.

Onze écrivains et une illustratrice seront présents pour aller à la rencontre des lecteurs, participer à des débats, des conférences et présenter leurs ouvrages.

Pour cette 4e édition, l’autrice Cassandra O’Donnell succède à Stéphane Servant en tant que marraine.

Créatrice de la très populaire série Malenfer, publiée chez Flammarion Jeunesse, elle revient dans les librairies en novembre avec le troisième tome de sa saga La légende des 4. Grande figure française d’ « Urban Fantasy», elle apportera son expertise d’écrivaine à succès lors de conférences.

Pour la première fois, le salon se déroulera sur cinq jours avec deux jours dédiés aux professionnels et aux enseignants le mercredi 13 et le jeudi 14 novembre, en plus du week end ouvert à tous.

Au programme : rencontres, tables rondes et ateliers.

Cette année également, les jeunes lecteurs pourront retrouver les traditionnelles séances de dédicaces, les ateliers d’écriture et d’illustration mais aussi un Escape game, des battles d’écriture et encore plein d’autres surprises.

À noter pour les parents et les adolescents de plus de 15 ans, une table ronde sur La sexualité et la littérature chez les adolescents, animée par des auteurs reconnus et spécialistes de la thématique : elle traitera avec simplicité de ce sujet parfois tabou.

Les librairies Lu&cie et Point de Côté en partenariat avec la ville de Suresnes offrent ainsi un moment unique aux lecteurs afin de les initier au merveilleux voyage de la lecture.

Salle des fêtes, 2 Rue Carnot, 92150 Suresnes - Entrée gratuite -

Mercredi 14h-17h (pour les professionnels)

Jeudi 10h-12h (pour les professionnels)

Vendredi 10h-16h30 (pour les scolaires)

Samedi 14h- 17h30 (ouvert à tous)

Dimanche 15h- 18h (ouvert à tous)

Auteurs présents 

Samedi 16 : Kamel BENAOUDA (auteur) Marie BRETIN (illustratrice) Claire CASTILLON (autrice) Carina ROZENFELD (autrice) Séverine VIDAL (autrice)

Samedi 16 – Dimanche 17 : Nathalie BERNARD (autrice) Richard NORMANDON (auteur) Cassandra O’DONNELL (autrice) Marie PAVLENKO (autrice) Flore VESCO (autrice)

Dimanche 17 : Hélène COUTURIER (autrice) Anne-Fleur MULTON (autrice)

 

Site du salon :  https://www.suresnes.fr/le-salon-du-livre-ado/

Salon du livre Ado - ville de Suresnes - 16 et 17 novembre 2019

Cassandra O’Donnell est une romancière française. Réalisatrice de documentaires et de reportages, elle décide de prendre son pseudonyme actuel pour créer la saga d’urban fantasy Rebecca Kean en 2011, publiée chez j’ai lu, dans la collection Darklight. La série a connu un véritable succès dès sa sortie.

En 2013, elle se lance dans la romance historique, dans la collection J’ai lu pour Elle, avec la saga Les Soeurs Charbrey. En novembre 2014, l’autrice sort, chez Flammarion, le premier tome d’une trilogie pour la jeunesse pour les 8-10 ans intitulée Malenfer dont elle a obtenu le Prix Imaginales des écoliers 2015., C

En mars 2016, Cassandra O'Donnell se lance dans la comédie policière, chez Pygmalion, avec Les Aventures improbables de Julie Dumont. Un deuxième tome est prévu pour 2019. 

Elle travaille également sur une adaptation télévisuelle, sous forme de série. 

 

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23 octobre 2019 3 23 /10 /octobre /2019 20:33
Citation de Victor Hugo sur la vie et l'amour

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5 octobre 2019 6 05 /10 /octobre /2019 17:05
Aquarium de David Vann (Gallmeister)

Aquarium de David Vann

(Gallmeister - collection "Nature Writing" - 271 pages - Octobre 2016)

Traduit de l'anglais (USA) par Laura Derajinski

Titre original : Aquarium (2015 - Grove Press, New York)

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Huitième roman de David Vann, sixième traduit en français, après le grand succès remporté dès 2010 par Sukkwan Island, que j'ai lu en 2016 et qui avait été un réel "choc".

Celui-ci l'est moins. on pourrait dire qu'il est plus "soft". Malgré tout, avec David Vann n'attendez pas un roman "fleur bleu" où tout serait "idyllique", et chez Gallmeister, même dans sa collection "Nature Writing" le lecteur est rarement épargné.

Caitlin a 12 ans et vit avec sa mère, Sheri, femme célibataire qui amène de temps en temps un homme à la maison, tel ce soir Steve, informaticien charmeur avec son harmonica.

Caitlin est fascinée par les poissons et elle se rend chaque jour après l'école à l'aquarium de leur ville, Seattle. Elle y a un abonnement annuel et aujourd'hui elle a rencontré un vieil homme qui a la même passion qu'elle.

 

 

Je trouvai le vieil homme si proche de la vitre qu'il semblait aspiré dans le bassin. Bouche bée, regard incrédule.
Un poisson-main, dit-il. Un poisson- main rouge. Ca ressemble encore moins à des nageoires que celles du poisson-grenouille d'hier.
(...) Regarde-moi ça, lan ça le vieil homme. On dirait qu'il est accoudé à une fenêtre.
C'était vrai. (page 21)

L'auteur semble aimer également les poissons car il les décrit avec précision et les pages qui se passent à l'aquarium sont agrémentées de dessins au crayon de l'auteur.

L'aquarium serait un microcosme, lieu idéal de vie, surtout que l'harmonie est la règle d'organisation d'un aquarium afin d'éviter tout "conflit" entre poissons.

Et Caitlin qui a une vie difficile avec une mère acariâtre, laquelle dit avoir souffert dans sa vie n'est pas épargnée par elle. 

Caitlin prépare avec sa classe la fête de fin d'année. Ainsi, les cours sont suspendus et elle s'ennuie. Heureusement qu'elle a une amie Shalini. Elles vont développer un amour authentique qui vont leur faire du bien.

Les compteurs semblent être au vert pour la jeune fille entre ce vieil homme qui la comprend et partage ses goûts et Shalini qui lui apporte de l'amour. Seulement, un jour, l'homme demande à rencontrer la mère de Caitlin.

Quand elle en parle à sa mère, elle reçoit une gifle et quand elle répond aux questions en répondant oui que le vieil homme a montré de l'empathie et a parlé d'un voyage, la mère alerte la police pour faire arrêter ce "pervers" au moment où elle se rendra à l'aquarium;

Le scénario se déroule comme prévu pour la plus grande tristesse de Caitlin qui sent que son ami considérera qu'elle l'aura trahi !

Et coup de tonnerre, Sheri connaît cet homme !

Impossible de raconter la suite au risque de "divulgacher" la lecture de la fin du roman.

David Vann maîtrise l'intrigue et nous laisse constamment dans l'attente d'un événement qui viendra bousculer les personnages, surtout Sheri et Caitlin dont les tensions ne cessent de croître au fil des pages.

Comme toujours avec cet auteur, on ne peut que recommander la lecture de ses romans, tellement forts et surtout tellement bien écrits. Pas un mot de trop, ou peut-être ici, juste des descriptions de poissons un peu à la Jules Verne qui donnent envie de passer pour les non initiés quelques paragraphes.

Lecture faite en commun avec Marjorie (suivre le lien) dont le ressenti a été très proche du mien tout au long de notre lecture. Je la remercie encore une fois ici de la complicité littéraire qui fait de nos "LC" des moments de fructueuses lectures.

Bonne lecture,

Denis

 

Aquarium de David Vann (Gallmeister)
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17 septembre 2019 2 17 /09 /septembre /2019 16:50
Olya de Michel Louyot (HD - Ateliers Henry Dougier)

Olya de Michel Louyot

(HD - Ateliers Henry Dougier - Septembre 2019 - 224 pages)

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Livre de la rentrée littéraire d'un éditeur dont j'aime bien les livres.

Le roman nous entraîne dans le Japon contemporain. Toutefois, le roman débute à Paris où le narrateur habite. Il espère qu'Olya pourra venir l'y rejoindre, comme elle le lui a promis.

Yoshi san est né au Japon et sa mère est décédée à sa naissance et il eut bien peu de liens avec son père, homme d'affaires japonais devenu un temps ministre.

il lui a fallu du temps avant de se ranger et de vivre une vie "saine" !

Fasciné depuis toujours par la Russie et sa rencontre avec Sacha, conférencier russe, ne fait que renforcer son amour pour ce pays et sa culture. Et pourtant, les relations entre le Japon et la Russie ont été compliquées depuis de longues années.

Le grand-père aurait participé à des massacres en 1905 en Russie. Le narrateur va d'ailleurs entreprendre un voyage vers ses origines près de la frontière russe avant de la franchir.

Sacha va brusquement disparaître et Olya va entrer dans sa vie. Elle aussi est russe. Elle est venue au Japon pour se prostituer. Le narrateur l'a rencontrée dans un bar et a eu immédiatement une attirance pour elle. Ils vont se revoir régulièrement jusqu'à ce qu'elle aussi s’éclipse.

Deux russes qui entrent dans sa vie puis en sortent brusquement. Etrange situation. Et si c'étaient des espions?

On en est là de ses interrogations quand il quitte le Japon.

Le lecteur entre dans ce monde russo-japonais pour se rappeler que ces pays si proches géographiquement sont en fait complètement différents dans tous les domaines : culture, conditions de vie, économie etc...

On décroche de temps en temps, il faut l'avouer mais la langue est toujours de grande qualité, proche de la poésie dans son élaboration et dans sa narration.

L'auteur, Michel Louyot a été attaché culturel à Moscou puis il a vécu neuf ans au Japon, où il a dirigé l'institut franco-japonais de Kyushu et enseigné le français à l'université du Kurumu, d'où sa parfaite connaissance du contexte historico-culturel du roman. 

"Sacha a disparu". J'avais gardé le billet, le lisant et le relisant en cherchant à deviner quelque intention ou émotion derrière les mots. L'écriture était d'une femme, à n'en pas douter. Une écriture raffinée. Sans doute une connaissance de Sacha, peut-être une amie intime. il était resté discret sur ses relations. L'âme russe recelait bien des mystères. Je n'en avais pas fini de sonder l'énigme de ce pays composite, asiate vu de l'Europe, branche orientale du continent européen vu de l’Asie.

Merci à Estelle, attachée de presse et à l'éditeur HD de m'avoir adressé ce roman que je recommande pour sa langue et son contexte historico-culturel.

Bonne lecture,

Denis

Olya de Michel Louyot (HD - Ateliers Henry Dougier)
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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 16:49
Le bonheur vu par Emile Zola

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18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 16:08
Meurtriers sans visage de Henning Mankell (Le Seuil - Opus)

Meurtriers sans visage de Henning Mankell

(Le Seuil - Opus - Intégrale Wallander 1 - Novembre 2010)

(300 pages pour cet "épisode")

Traduit du suédois par Philippe Bouquet

Titre original : Mördare utan ansikte (1991)

Première édition française : 1994 (Christian Bourgois Editeur) et pour la traduction 2001.

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La série Wallander que j'ai présentée dans un précédent article (lire ici) débute avec ce roman publié en 1991 en Suède : Meurtriers sans visage.

 

8 janvier 1990 : réveil inhabituellement tôt pour ce vieil homme de 70 ans, Nyström, cultivateur retraité. Il n'a pa entendu la jument du voisin hennir comme elle le fait tout le temps. Et puis il voit que la fenêtre des voisins, les Lövgren est ouverte. Et il entend un cri qui est celui de Maria.Un carnage a eu lieu et il appelle aussitôt la police.

 

Kurt Wallander, 42 ans, est reveillé par le commissariat et part immédiatement sur les lieux. L'homme est mort, ensanglanté et mutilé de toutes parts tandis que sa femme vit encore, à moitié étranglée. Mais elle ne survit pas longtemps, lâchant un seul mot avant de mourir : "étranger".

 

Le nœud coulant n'est pas commun et la jument fournie en foin sans doute après le meurtre forment deux des énigmes à élucider, sans oublier que dans une Suède de plus en plus raciste, le mot "étranger" risque de créer un climat délétère quand les médias vont s'emparer de l'affaire.

 

Wallander commence l'enquête dans un contexte familial difficile pour lui : Mona, son épouse, l'a quitté et sa fille Linda s'est éloignée de lui ; quant à son père, âgé de 80 ans, il vit dans des conditions précaires chez lui, se négligeant et ne pensant qu'à peindre interminablement le même tableau.

 

L'on apprend très vite que ce Lövgren n'a pas eu une vie si sage qu'on pourrait le croire.

Sen Widen, son beau-frère déclare qu'il a trafiqué de la viande pendant la guerre avec les allemands, se constituant une petite fortune qu'il a fait fructifier sans en parler à son épouse puis à ses filles. Il a eu par ailleurs une aventure avec un femme qui lui a donné un fils sans le reconnaître officiellement.

 

Et inévitablement, le fait que ce meurtre ait pu être commis par un étranger, des "extrémistes" mettent le feu à un camp de réfugiés et tuent même un "innocent émigré".

Autant de nouvelles pistes à explorer mais l'affaire est compliquée et il faudra bien de la persévérance pour avancer...

Mankell a un art d'écrire avec sobriété, à partir de phrases courtes et percutantes. Il sait ménager le suspens et introduire les tracas personnels de Wallander au sein du récit, n'en faisant pas qu'un seul roman policier. On vit au cœur de l'enquête avec tous ses tours et détours pour le plus grand plaisir de lecture.

 

Bonne lecture,

Denis

 

Meurtriers sans visage de Henning Mankell (Le Seuil - Opus)
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